Un article publié dans la Travers Métrique n° 29 d’octobre 2008
“Quand la voie ne peut s’adapter au matériel roulant, il faut adapter le matériel roulant à la voie”. Tel pourrait être l’adage qui a conduit le MOB à développer le bogie à écartement variable présenté le 3 octobre dernier aux médias à l’occasion de la 19ème assemblée de la Communauté Intercantonale d’Intérêts du GoldenPass.
Depuis plusieurs années déjà le MOB et le groupe GoldenPass font la promotion touristique de la liaison Montreux – Lucerne. L’identité de cette liaison a été renforcée avec la livrée commune or-blanc-noir adoptée par une partie du matériel roulant des trois compagnies MOB, bls et Zentralbahn qui la constitue. Mais un problème d’infrastructure empêche une bonne attractivité de ce trajet de 189 km: Il nécessite deux transbordements à Zweisimmen et à Interlaken, sources de soucis pour les voyageurs étrangers (correspondances, vols). En effet, la voie du secteur central est à écartement normal alors que le reste de la ligne est à écartement métrique.
Dans un premier temps, il avait été imaginé de poser un troisième rail sur ce tronçon, mais le projet a été finalement devisé à environ 250 millions de francs, ce qui l’a condamné (“Le Régional” d’octobre 2007, repris dans la TM n° 23).
L’équipe du MOB a planché sur de nouvelles solutions qui ont abouti au concept breveté de bogie à écartement variable. Chaque paire de roues est montée sur un cadre mobile (on y perd du coup la notion d’essieu!). Les cadres sont maintenus en position par une traverse (en vert sur l’illustration) qui sert de siège pour la caisse de la voiture. Le passage d’une position à l’autre s’effectue dans une station de transition et sur commande du mécanicien. Le principe est le suivant: La composition complète passe sur le dispositif de transition. Il est sans effet pour le matériel moteur existant. Par contre, les bogies à écartement variable déverrouillés (dispositifs en jaune écartés) y prennent appui pour être surélevés et permettre le déplacement des cadres mobiles. Une fois la traverse reposée, le dispositif est à nouveau verrouillé. A noter que la position “voie normale” est plus élevée pour s’adapter à la hauteur de quai. Sur un faisceau de voies aux deux écartements, la locomotive est remplacée pour que la composition poursuive sa route.
La Confédération et les cantons de Berne, Vaud et Fribourg soutiennent le
projet et assument le financement de l’étape de développement et
d’essais qui durera jusqu’en 2010. Le MOB conduit le projet en étroite collaboration avec les compagnies ferroviaires du bls et du zb. Cette étape comprend la création d’une station de transition à Zweisimmen ainsi que la construction et les tests de deux bogies prototypes. Selon le journal “24 heures”, le coût de cette étape est de 3 millions de francs.
Le concept permet d’adapter ensuite progressivement les voitures existantes puis de faire l’acquisition de nouveau matériel roulant pour remplacer notamment les voitures du bls inadaptées au niveau du confort. Le projet total pour la liaison Montreux-Interlaken est estimé à 44 millions de francs.
Techniquement, il est possible d’adapter une crémaillère au bogie pour passer le Brünig. Mais commercialement, il n’est pas certain que le transbordement d’Interlaken soit pénalisant. En effet, bon nombre de touristes étrangers profitent de cet arrêt pour emprunter la ligne de la Jungfrau.
Ce nouveau concept de bogie à écartement variable est non seulement un nouvel atout pour la liaison Montreux-Interlaken mais aussi une belle démonstration d’ingénierie dans la recherche de solutions.
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